Le miroir.
« Oui, je suis Roi ». Celui qui prononce ces mots est enchaîné et sans pouvoir face au gouverneur de l’Empereur. Quel contraste ! Qu’est-ce que ce roi impuissant peut accomplir dans l’histoire du monde ? Le pouvoir est ailleurs, dans les centres de décisions politiques et économiques, là où les grands de ce monde ont la parole. Ce prisonnier, qui est là face à Pilate, ne dispose d’aucune armée, ni de grandes finances, ni d’aucun pouvoir politique. A vues humaines, il aurait dû être oublié depuis longtemps, noyé dans le tourbillon de l’histoire.
Mais il est toujours là. Il est encore là face aux puissants de ce monde. Chacun de nous veut un peu être un de ces puissants, ne fut-ce que chez lui, ou dans son lieu de travail, devant ses collègues ou vis-à-vis des autres. Comme devant Pilate, ce petit gouverneur de province qui aime montrer qu’il est puissant, Jésus se tient devant moi, et le dialogue qu’il engage avec Pilate, se fait comme le miroir de celui qu’il me tient. Qu’en est-il de ma vie ? Est-ce que je vis dans le paraître, ou dans le vrai ? Est-ce que j’ose me regarder dans le miroir ? Le miroir de la divine tendresse.
Cardinal Christoph SCHÖNBORN, op