Homélie du Père Sesboüé, du Quatrième dimanche de Pâques, en 2005
Le dimanche du Bon Pasteur
Chaque année, trois semaines après Pâques, l’Église nous invite à contempler Jésus sous les traits du Bon Pasteur. C’est une image biblique, attribuée à Dieu dans l’Ancien Testament, et dont le psaume chanté en ce dimanche est la plus belle expression. En Jésus se réalise pleinement ce thème : il sera le pasteur de son Église, comme Dieu était le pasteur de son peuple. Un mot résume ce rôle de pasteur que Jésus reprend pour lui : faire vivre. « Je suis venu », avons-nous entendu, « pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance. »
Comment Jésus-Pasteur donne-t-il sa vie aux hommes ? Trois mots peuvent l’exprimer : connaître – nourrir – conduire.
- Il connaît
Le Bon Pasteur connaît ses brebis et ses brebis le connaissent. « Elles le suivent », dit le texte de ce jour « car elles connaissent sa voix ». Nous savons que, dans la Bible, le verbe connaître n’exprime pas seulement une activité de l’intelligence, mais une expérience personnelle et profonde qui engage tout l’être. En somme, il s’agit de la volonté qui s’exprime par l’amour. « Je connais mes brebis, c’est-à-dire je les aime », dit saint Grégoire le Grand. Et il poursuit : « mes brebis me connaissent ; c’est comme s’il disait clairement : ceux qui m’aiment m’obéissent. »
Le sens de l’initiative divine pour le don du salut n’est autre que l’amour : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16). Jésus porte aux hommes cet amour personnel de Dieu à son peuple, exprimé dans le livre d’Isaïe : « tu es précieux à mes yeux… et je t’aime » (Is 43,4).
- Il nourrit
« Si quelqu’un passe par moi…, il trouvera un pâturage. » Le bon Pasteur nourrit ses brebis par la vigueur de son message. « Il eut pitié d’eux, écrit saint Marc, parce qu’ils étaient comme des brebis sans pasteur et il se mit à les instruire longuement. » Son enseignement est pour lui une manière de se montrer pasteur, d’arracher les hommes de bonne volonté à l’errance désolante.
Il les nourrit aussi de son propre corps, offert en sacrifice et donné dans son Eucharistie.
Telles sont d’ailleurs les deux formes de nourriture qu’évoque l’image du pain. Jésus est pain de vie par la parole qu’il nous apporte et par son corps vivant donné dans le sacrement.
- Il conduit
« Il conduit dehors toutes ses brebis, il marche à leur tête et elles le suivent… » Le psaume disait : « Il me mène vers les eaux tranquilles… il me conduit par le juste chemin. »
Le Bon Pasteur conduit ses brebis, c’est-à-dire les oriente vers la route de lumière qui est l’imitation de sa propre personne. Il le fait par sa parole et par se grâce, par la voix de son Église au cours des siècles.
C’est « le juste chemin » dont parle le psaume, qui permet d’avancer en sécurité, dans la confiance. Ton bâton me guide et me rassure.
Notre foi chrétienne nous demande de développer cette conviction : tout ce qui, dans la vie humaine, est conforme à l’Évangile, est orientation vers la lumière ou est le fruit de la lumière.
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L’application spirituelle de cette méditation nous est aujourd’hui suggérée par l’Église. Il y a, parmi ses fils, des hommes appelés tout particulièrement à reproduire parmi leurs frères l’image, la mission du Bon Pasteur. Ce sont les évêques et les prêtres. C’est pourquoi on appelle ce jour le dimanche des vocations. Non pas des vocations universelles à la sainteté – c’est le jour de la Toussaint – mais des vocations consacrées, en premier lieu au ministère pastoral.
Il nous faut d’abord prier pour nos prêtres. Leur mission est difficile et ils ont besoin des grâces que nous demandons pour eux. Il faut recourir à leur ministère avec confiance, gratitude, en même temps qu’avec un respect délicat. C’est la meilleure façon de les stimuler, de les encourager à donner le meilleur d’eux-mêmes. Car le prêtre veut toujours mieux connaître ses fidèles, c’est-à-dire les aimer en se dévouant pour eux ; les nourrir par ses enseignements, et par la célébration des sacrements, les conduire par les conseils de vie chrétienne qu’il leur donne.
En même temps, chaque chrétien doit prendre conscience e l’importance de la réponse à l’appel de Jésus. Ne pas prendre son parti du manque de prêtres. Ce n’est pas une fatalité due à l’évolution du monde actuel, c’est sûrement le signe d’une baisse de la foi, de la ferveur, de l’enthousiasme de l’amour.
Prions à cette intention et essayons de créer un climat de joyeux attrait pour la mission du Bon Pasteur. Il y va de notre vie.
Amen