Notre cher Chanoine Sesboüé avait été très heureux que notre Ensemble paroissial publie, semaine après semaine, ses homélies dominicales. Après son décès, après quelques semaines de recueillement, par fidélité et reconnaissance, nous reprenons la diffusion de ces belles méditations.
21ème Dimanche du Temps Ordinaire
Je crois en Jésus-Christ… Je crois à l’Eglise.
L’évangile de ce dimanche nous invite à approfondir deux articles du credo que nous proclamons : Je crois en Jésus-Christ… Je crois à l’Eglise. Observons d’abord le tournant important que représente pour la tradition synoptique l’épisode de la profession de foi de Pierre. : Avec Jésus, les douze vont entamer la montée vers Jérusalem, cette seconde partie de la vie publique enveloppé de l’atmosphère grave de la passion prochaine et de l’approfondissement du mystère de Jésus.
- Je crois en Jésus-Christ
La double question posée aux disciples : d’après ce que disent les hommes/ pour vous… met en lumière le caractère progressif de la révélation du mystère de Jésus. Il est normal que le groupe des douze bénéficiaires d’un Compagnonnage quotidien des disciples avec leur maître, sont plus avancé dans son itinéraire de foi que le reste des gens. Pour évoquer ce caractère progressif de la révélation, j’ai facilement recours à la parabole de l’escalier que je proposais naguère à mes jeunes élèves de catéchèse. Pour vivre en réalité du mystère de jésus, pour lui exprimer une foi vraie, il faut comprendre les différents aspects de sa personnalité, y accéder comme on monte les marches d’un escalier, en allant du plus simple au plus profond. Et nous sommes appelés à répondre à quatre questions :
– Que pensaient de Jésus les gens qui le voyaient pour la première fois ? Que c’était un homme (première marche).
– Que pensaient de Jésus les contemporains, qui, pendant un certain temps, l’avaient vu agir et entendu parler ? C’était un prophète, c’est-à-dire un homme envoyé de Dieu pour guider les hommes selon son plan. Un grand prophète a paru parmi nous… C’est la réponse, dans notre texte, à la première question de Jésus. (Deuxième marche).
-Que pensaient les douze qui étaient auprès plus avant dans son mystère ? C’était le Messie, c’est-à-dire le sauveur du peuple. Ce que Pierre proclame aujourd’hui. Même si ce concept de Messie ne correspond pas totalement à la réalité (comme le montrera le refus de Pierre devant l’annonce de la passion), il est le fruit d’une conviction : Nous n’attendons plus d’autre sauveur, c’est Jésus (troisième marche).
– Que pensaient et croyaient les disciples devant Jésus ressuscité ? Il est le Seigneur c’est-à-dire le Fils de Dieu en personne (quatrième marche).
Sans doute ce titre est-il joint par Matthieu à celui de Messie dans la bouche de Pierre. On s’accorde à voir dans ce titre, absent des évangiles de Marc et de Luc, une précision de l’évangéliste qui ????? à la vie publique une foi explicite issue de la lumière de Pâques. Ainsi le lecteur de cette page d’évangile reprit-il la révélation de la richesse de la personne de Jésus auquel il est appelé à croire : il est vrai homme, prophète authentique, messie, c’est-à-dire Sauveur du monde, et Fils de Dieu.
- Je crois à l’Eglise
En soulignant que Pierre professe sa foi en Jésus messie sous l’impulsion de la grâce du Père, Jésus annonce des paroles de grand poids : il bâtit son Eglise sur la foi de cet apôtre, c’est-à-dire le rassemblement des croyants qui sera vivant tout au long de l’histoire. De ce royaume des cieux Pierre sera l’intendant, le premier ministre comme le suggère l’image des clefs qui permettent d’ouvrir et de fermer. La première lecture évoquait, comme une annonce du ministère de Pierre, le personnage d’Elyaqim, maître du palais du roi Ezechias : je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David. La suite de l’Evangile nous montre que Pierre ne sera pas seul, il sera entouré du collège des apôtres, mais il sera la première, le signe et le ministre de l’unité. Guidée par la lumière de l’Esprit Saint, l’Eglise Catholique a toujours accueilli cette promesse comme valant pour les successeurs de Pierre, les évêques de Rome que nous appelons les Papes. Il paraît en effet impossible que cette Eglise qui a les promesses de la durée dans l’histoire ne bénéficie pas en en même temps de la présence de l’action d’un successeur de Pierre. Le lien entre ces deux articles de foi présentés dans notre scène d’Evangile est lourd de conséquence. Tout au long de l’histoire de l’Eglise, et aussi aujourd’hui, on a vu, on voit des hommes qui acceptent jésus, mais refusent son Eglise, plus ou moins directement. Mais seule l’Eglise peut garantir la pureté de notre foi en Jésus. Nul ne peut avoir Dieu pour Père, dit Saint Cyprien, s’il n’a l’Eglise pour mère. Sainte Jeanne d’Arc proclamait, lors de son procès : Jésus-Christ et l’Eglise, m’est avis que c’est tout un.
Nous sommes donc appelés à croire en Jésus et à l’aimer, dans l’Eglise, à ne jamais séparer l’Epoux et son Epouse. Nous sommes appelés, dans l’humilité, à ne pas prétexter des fautes ou imperfections des membres de l’Eglise, pour la dénigrer, l’opposer à l’Evangile. Il nous faut aimer l’Eglise à qui nous devons tout : notre connaissance du mystère de Dieu et de la personne de Jésus, les sacrements de vie, le témoignage merveilleux de ses saints, grandes figures de l’histoire ou modes des artisans de paix et d’amour.
Les JMJ sont aujourd’hui l’expression concrète et vivante d’une Eglise qui peut vivre sans cesse plus de la foi et de l’amour en Jésus. Prions pour qu’elles portent beaucoup de fruit.
Dans son livre merveilleux : « méditation sur l’Eglise », le Père de Lubac cite cette phrase de Paul Claudel : Louée soit à jamais cette grande mère majestueuse, aux genoux de qui j’ai tout appris et il poursuit. C’est elle qui, chaque jour, nous enseigne la Loi de Jésus-Christ ; nous met en main son évangile et nous aide à le déchiffrer… Tu nous donne chaque jour celui qui seul est la voie et la vérité… O grande mère, Sainte Eglise… seule vraie mère des vivants. Amen.