Le chanoine Sesboüé nous aide à entrer dans le temps de l’Avent…
1er Dimanche de l’Avent
1er dimanche de l’Avent Année A 2 décembre 2001
Allons à la rencontre du Seigneur…
Le thème spirituel de la rencontre peut nous permettre d’aborder dans la joie et avec fruit ce temps de l’Avent qui inaugure une nouvelle année liturgique. Il nous est suggéré par la première lecture (Venez, montons à la montagne du Seigneur) et le psaume qui l’a suivi (Quelle joie quand on m’a dit nous irons à la maison du Seigneur.)
Et nous accueillons pour chacun de nous ce cri de la parabole des 10 jeunes filles : Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre (Mat 25, 6)
Essayons d’esquisser trois grandes étapes de la rencontre : la foi, le désir, la mise en route.
1) la foi
Pour aller à la rencontre du Seigneur, il faut croire en sa présence active, bienfaisante pour les hommes. L’incrédulité n’est pas la négation abstraite de l’existence de Dieu mais de son lien à l’humanité, de l’intérêt qu’il prend à la vie de chacun, en fait de sa puissance d’amour.
Les impies disent : Yahvé ne voit pas, le Dieu de Jacob ne prend pas garde, s’écrit le psalmiste (Ps 94- 7)
Au contraire c’est la foi germant au cœur des nations que le prophète évoque : elle découvre que le Dieu d’Israël est la source de tout bien : il nous enseignera ses chemins, et nous suivrons ses sentiers.
Les psaumes redisent leur foi en la venue de Dieu, juste juge qui apporte la paix : il vient pour gouverner le monde avec justice (Ps 98-9)
Cette venue de Dieu étant réalisée en son fils Jésus, c’est notre foi en celui qui vient au nom du Seigneur qui suscitera notre désir de rencontre.
N’oublions pas que si la foi est un don de Dieu, en ce sens que seul sa grâce peut nous permettre de croire, elle est en même temps un acte de volonté, l’élan de notre humble et bonne volonté.
2) le désir
Le désir n’est pas un sentiment, une émotion, mais l’orientation de la volonté vers un bien ; le seul vrai et bon désir est la recherche du souverain bien, Dieu lui-même.
Mon âme a soif du Dieu vivant, disent les psaumes. Croire en Jésus entraine le désir de le rencontrer.
Un jour, des grecs demandent aux apôtres : Nous voulons voir Jésus. (Jean 12, 21)
Le désir dilate le cœur, ouvre la voie à l’enthousiasme qui rend heureux de tendre vers le Seigneur.
3) La mise en route
Pour rencontrer, il faut se mettre en route, car le vrai désir peut être réalisé. La situation de Jérusalem et de son temple, qui domine les collines et attire les nations, annonce symboliquement la marche vers Jésus. Celle ci est une montée, parfois rude, mais dont l’effort permet une communion toujours plus étroite avec Lui.
Et nous savons qu’il vient lui aussi à notre rencontre, réalisant l’annonce du livre d’Isaïe : Dites aux cœurs défaillants, soyez forts, ne craignez pas, voici notre Dieu…Il vient nous sauver. (Isaïe35, 4)
Lors de sa dernière et solennelle entrée à Jérusalem, beaucoup de disciples, nous dit Saint Jean, prirent de rameaux de palmiers et sortirent à sa rencontre en criant Hosanna. (Jean 12- 13)
Prenons ces rameaux comme l’image de ce que nous voulons offrir à Jésus en allant à sa rencontre en ce temps de l’Avent.
– Une prière joyeuse et confiante. Avec Marie qui attendait Jésus, sachons faire silence, nous arrêter pour nous remplir de la présence de Jésus et le rencontrer dans la paix.
Notre prière transforme notre vie en l’aidant à être conforme à son Evangile. Une attention délicate aux autres. Il faut sortir pour aller à la rencontre de Jésus, se rendre disciples accueillants aux soucis de nos frères.
– Une maitrise de soi qui permette le développement de la vraie liberté. Certes, le temps de l’Avent n’est pas, comme celui du carême, un temps de pénitence proprement dit. Mais il appelle à la purification du cœur et au dynamisme de notre énergie spirituelle. Parmi toutes les sollicitations de notre vie quotidienne, il nous faut refuser celles qui, sans être mauvaises en elles – même, freineraient notre élan vers Jésus, notre liberté intérieure.
Nous pouvons appliquer à notre démarche d’Avent ce que Saint André de Crète, au 8ème siècle, disait de la rencontre de Jésus et des gens de Jérusalem : imitons ceux qui allèrent au devant de Lui. Non pas pour étendre, sur son chemin, comme ils l’ont fait, des rameaux d’olivier, des vêtements ou des palmes. C’est nous-mêmes qu’il faut abaisser devant lui, autant que nous le pouvons, par l’humilité du cœur et la droiture de l’esprit, afin d’accueillir le Verbe qui vient, afin que Dieu trouve place en nous, Lui que rien ne peut contenir. Amen