Pendant de nombreuses années, les paroissiens ont bénéficié des homélies et enseignements du Chanoine Sesboüé, exégète, ancien professeur au Séminaire et intervenant à la Formation permanente du diocèse. Après son retrait des activités paroissiales il a pris le temps de collecter et relire toutes ses homélies des trois années liturgiques. A partir du temps de l’Avent de cette Année A, chaque dimanche, nous nous réjouissons de méditer avec lui la Parole de Dieu.
Jésus, notre lumière
Pour orienter notre Carême, je vous propose de méditer la belle oraison liturgique de ce premier dimanche.
« Accorde nous, Dieu tout puissant, tout au long de ce Carême, de progresser dans la connaissance de Jésus et de nous ouvrir à sa lumière par une vie de plus en plus fidèle ».
La connaissance de Jésus est d’abord une approche de sa personne par le contact avec sa Parole. Elle suppose l’écoute.
Mais la connaissance, dans la Bible, n’est pas seulement de l’ordre de l’esprit, mais aussi du cœur. Connaître, c’est entrer dans l’intimité de l’autre par l’amour. Or, nous aimons si nous observons les appels de l’Evangile. En somme, cette oraison exprime la béatitude bien connue : « Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la pratiquent »
- Connaître Jésus en l’écoutant
Il est remarquable que, dès l’Ancien testament, l’appel à l’écoute se trouve dans les différents courants des écrits bibliques :
La loi : Ecoute Israël…Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
Les prophètes : Ecoutez la parole de Yahvé, est une introduction fréquente à leurs oracles.
Les sages : Ecoutez, mes fils, l’instruction d’un père…
Et Jésus appellera à l’écoute de sa Parole : citons seulement ce petit refrain : celui qui a des oreilles, qu’il écoute (pour entendre et accueillir).
Pour connaître mieux Jésus et sa Parole, il nous faut sans cesse revenir à l’Evangile. Nous l’écoutons dans la liturgie du dimanche et des jours de semaine ; beaucoup de chrétiens ont le texte des lectures de chaque jour. Elles peuvent être approfondies. Nous pouvons aussi l’écouter par une lecture libre et personnelle, nous aidant des notes de nos Bibles. Cette lecture procure un émerveillement et nous empêche de succomber à la tentation du « déjà-vu ». Enfin nous écoutons Jésus pour mieux le connaître, à travers les exhortations et enseignements des grands témoins de l’Eglise, des origines jusqu’à nos jours. Il y a là le témoignage d’une expérience spirituelle très satisfaisante. Cela nous permet de nourrir notre foi en admirant celle des autres.
A ce propos, nous pouvons nous demander quelle place nous faisons, au milieu de tant d’informations diverses, à cette « lecture divine » qui arme notre foi et la rend plus joyeuse.
Nous observons la Parole biblique citée dans l’évangile ce jour :
« L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche du Seigneur »
Et plus précisément de la promesse de Jésus, citée en saint Jean :
Si vous demeurez dans ma Parole, vous êtes vraiment mes disciples et vous connaitrez la vérité.
2) Connaître Jésus en lui disant « oui »
Jésus distingue bien ceux qui l’écoutent sans pratiquer, et ceux qui pratiquent les paroles entendues. La parabole des deux maisons est bien connue.
C’est à cette connaissance pratique, qui traduit un « oui » plein d’amour, que s’applique la fin de notre oraison liturgique, en nous faisant demander une vie de plus en plus fidèle.
Notre pratique des appels de l’Evangile nous place dans la vérité. Elle est cette parfaite loyauté qui fait de nous de vrais disciples, et joyeux de l’être. Jésus a été sévère pur toutes les formes d’hypocrisie : dire et ne pas faire, trouver des excuses pour se dispenser de générosité, avoir le souci de se faire remarquer.
Notre présence ici témoigne de notre volonté d’aimer le Seigneur qui nous aime ; mais il faut entrer davantage dans ses exigences : « si quelqu’un m’aime, nous dit Jésus, il gardera ma parole. »
Alors, nous nous posons quelques questions au début de ce carême. Sur quels points devons-nous faire effort pour mieux dire « oui » à Jésus, pour mieux l’aimer ?
Trois lignes spirituelles se présentent alors, qui permettent à chacun, selon sa situation propre, de prendre telle ou telle résolution.
- Sur la relation avec Jésus : En quel sens ma vie de prière, ma lecture de la Parole, entendue au sens large de nourriture de ma foi, peut-elle être améliorée, rendue plus régulière et plus profonde, dans un humble amour ?
- Sur la relation avec les autres : mon regard sur l’autre doit-il être plus profond pour que je l’aime comme Jésus l’aime ? Et comment vais-je traduire ce regard d’amour : par l’accueil ? l’écoute ? le réconfort ? le service rendu ?
- Sur la relation à soi-même : la maîtrise de soi. Le sacrifice n’est pas un but en soi, mais un moyen de dominer l’esclavage, d’être plus libre et disponible. Sur quels points puis-je porter mes renoncements : friandises ? mais aussi divertissements, style de vie ? Maîtrise de soi dans les inévitables motifs d’énervement, dans l’attirance à ce qui n’est pas pur…
Tant il est vrai que notre amour de Jésus doit se traduire concrètement. Il ne s’agit pas de sentiment, mais d’humble et bonne volonté.
Que ce Carême soit, par la grâce de Dieu, une montée fervente, aimante, vers notre seul vrai bien, le Dieu d’amour révélé en jésus.
C’est ce que nous recommande Saint Bonaventure en un langage touchant :
« Il faut …accéder d’une foi pure au Père des lumières, en fléchissant les genoux de notre coeur, afin que, par son fils, dans son Esprit Saint, il nous donne la vraie connaissance de Jésus Christ, et, avec sa connaissance, son amour ».
Amen