4ème Dimanche de Carême
Pendant de nombreuses années, les paroissiens ont bénéficié des homélies et enseignements du Chanoine Sesboüé, exégète, ancien professeur au Séminaire et intervenant à la Formation permanente du diocèse. Après son retrait des activités paroissiales il a pris le temps de collecter et relire toutes ses homélies des trois années liturgiques. A partir du temps de l’Avent de cette Année A, chaque dimanche, nous nous réjouissons de méditer avec lui la Parole de Dieu.
L’Aveugle-né
Les grands récits de l’évangile selon saint Jean veulent nous faire entrer dans le mystère de Jésus. Ainsi en est-il de ce beau chapitre qui nous raconte la guérison de l’aveugle-né.
Il nous faut observer l’abord l’événement (deux versets) et son sens ; puis la controverse messianique, suscitée à son propos.
- Le sens de l’événement
Il ressort des paroles et des gestes de Jésus. Cette guérison est d’abord une action de Dieu opérée par son Fils. Repoussant le faux motif exprimé par les disciples -une faute de l’infirme ou de ses parents- Jésus déclare : « l’action de Dieu devait se manifester en lui »
Et Il précise, en comparant sa vie publique à un grand jour lumineux : « Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »
Nous comprenons alors que la lumière physique recouvrée par l’aveugle est le signe de la lumière spirituelle apportée par Jésus : l’ouverture des yeux (l’expression revient sept fois dans le chapitre), évoque l’ouverture à la foi des coeurs bien disposés.
Mais il y a aussi les gestes. Jésus fait de la boue avec sa salive et la poussière du sol. Saint Irénée prend l’image d’une nouvelle création :
« Dieu prit du limon de la terre et il modela l’homme. C’est pour cela que le Seigneur « fit de la boue et en enduisit les yeux de l’aveugle ».
Mais il y a plus. Le contact avec l’eau de la piscine, le terme de « laver », annoncent la grâce du baptême. En soulignant que le nom de la piscine (Siloé) vient du mot hébreu qui signifie « envoyer », l’évangéliste souligne que la guérison vient de Jésus, appelé « l’envoyé du Père », et donc la purification apportée par le baptême.
2) La controverse messianique
la plus grande partie du chapitre nous rapporte une discussion sur la personne de Jésus. Elle est suscitée par l’étonnement des contemporains devant cette guérison. Nous assistons à la rencontre du miraculé avec plusieurs groupes, la plupart hostiles à Jésus. Il y a deux manières de refuser un bienfait reçu.
La première est de le nier. Certains disaient : « c’est quelqu’un qui lui ressemble ». Mais il faut bien se rendre à l’évidence, devant le témoignage irrécusable de l’aveugle guéri, qui doit répéter le fait.
Devant la permanence du refus, l’ancien aveugle maintient son point de vue : d’autres disaient : « c’est un prophète…Dieu n’exauce pas les pécheurs… »Si cet homme là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire ».
La fin du récit nous présente, d’une part un acte de foi qui est le sommet du chapitre : « Crois-tu au Fils de l’Homme ? »
« Qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? Tu le vois, c’est lui qui te parle. -Je crois Seigneur, et il se prosterna devant lui. »
D’autre part, la mauvaise foi de ceux qui refusent les signes destinés à orienter vers l’adhésion au mystère de la personne de Jésus : « Si vous étiez des aveugles, vous n’auriez pas de péché, mais puisque vous dites : nous croyons, votre péché demeure ». C’est le péché contre la lumière, si dramatique pour l’homme qui refuse ainsi la relation avec le Dieu vivant, le Dieu d’Amour.
Cet épisode nous appelle d’abord à rendre grâce au Père de nous avoir donné son en son Fils la vraie lumière et par le baptême la vraie vie.
En Eph 5, 8 « Marchez en enfants de lumière », nous dit l’apôtre.
Par le baptême, le coeur est ouvert à la lumière de Jésus. Mais cette action de grâce doit se doubler d’un effort persévérant : il nous faut nous re-convertir sans cesse afin de suivre Jésus lumière du monde.
La seconde application spirituelle de notre épisode est la fidélité à notre foi : c’est chaque jour que Jésus nous demande : « crois-tu en moi ?» C ‘est chaque jour que nous devons nous prosterner devant lui dans la prière et dans le « oui » à ses appels.
Sans crainte, il nous faut, devant les attaques du monde, le scepticisme ou l’indifférence ambiants, savoir dire notre joie d’être disciples de Jésus. Le respect des autres ne demande pas de notre part silence ou timidité, mais plutôt l’enthousiasme d’une foi qui se traduit par la délicatesse de l’amour.
Soyons donc fidèles à la recommandation de saint Pierre qui nous appelle, dans son épitre, « à proclamer les merveilles de Celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » 1P2,9
Amen